F.C. Girondins de Bordeaux
Revue d’effectif des
Girondins de Bordeaux
- Les transferts
Départs :
Micoud et Jemmali
Arrivées :
Gourcuff et Gouffran
Laurent Blanc s’est débarrassé de deux
« vieux » pour doter son
effectif de deux espoirs du football français supplémentaires (cf. Ducasse,
Obertan).
Si le départ de
Jelmmali (8 matchs jouées, 6 titularisations en L1) n’affectera pas l’équilibre de la défense
girondine, le départ de Johan Micoud devra être compensé. La densité technique
(Wendel, Alonso, Fernando, Jussiê) au milieu de terrain a déjà permis à Blanc de
se passer des services de Micoud, mais son apport la saison dernière ne fut pas
négligeable (près de 30 matchs en L1). Moins tranchant et décisif qu’au Werder
de Brême, Micoud a tout de même abattu un travail considérable en termes de
récupération et conservation de balle, même si on attendait plus de lui dans
l’animation offensive.
Après une première saison milanaise très intéressante (21
matchs en Serie A, 8 en C1[1]) dans un milieu de très haut
niveau [Seedorf, Gattuso, Kaka, Pirlo], Yoann Gourcuff a été plus à la
peine la saison dernière. L’ex-Rennais était en concurrence avec Ambrosini pour
palier les absences d’un des quatre titulaires. Cette position fut fragilisée
en 2007/2008, et il ne fit que de rares apparitions au sein du onze de départ
d’Ancelotti (15 matchs au total). Le seul regret réside dans le prêt du joueur
qui annonce un retour à Milanello dans un an en cas de bonnes prestations.
Au sujet de Yoan Gouffran, les rebondissements de son
éventuel transfert au PSG amène à se poser des questions sur la stabilité du
joueur et sa capacité à s’imposer dans un grand club. Cependant, ce sont avant
tout les qualités de footballeur qui laissent perplexe. Les chiffres de sa
saison au Stade Malesherbes de Caen impressionne (36 matchs, 10 buts), mais
chaque match de Caen nous a amené inlassablement à nous poser la même question
après la demi heure de jeu « mais il est où Gouffran ? ». Il fut
décisif à quelques reprises (notamment lors de la déculottée infligée à des
Bordelais impuissants qui permit de mettre en exergue le sens de la répartie de
l’un des internationaux les plus éphémères de l’histoire[2]),
mais il n’a jamais su mener son équipe vers les succès, même pas lors de la
période d’euphorie qui mena les hommes de Dumas vers la quatrième place (fin
2007) et surtout pas lors de la période suivante qui les ramena aux abords de
la zone de relégations quelques matchs plus tard. On ne lui demandera pas de
mener le jeu bordelais, mais a-t-il les épaules pour s’imposer au milieu des
Alonso, Fernando, Wendel, Jussiê, Obertan, Gourcuff ?
- Le jeu
Laurent Blanc a fait preuve d’une intelligence de jeu
impressionnante pour sa première saison. Il a forgé un collectif harmonieux qui
a proposé un jeu chatoyant parfois, mais qui a surtout su s’imposer même en
jouant moins bien (surtout en fin de saison). Tout au long de la saison,
l’équipe girondine a paru de plus en plus sûre de son jeu.
La défense
La défense donne des gages de solidités, mais le banc
n’apporte aucune garantie. Ramé, annoncé partant comme chaque été par les
médias spécialisés en vraies fausses rumeurs de transfert, gardera pour la douzième saison consécutive
les buts bordelais. Sérieux et solide, il a pleinement participé à la bonne
saison de son club malgré un naufrage collectif à Caen (0-5) et un raté
monumental au Vélodrome - effacé par une victoire (3-2) arrachée dans les
derniers instants (voir l’attaque). Avec trois centraux de bon
niveau (Diawara, Planus et Henrique), le FCGB possède une solide assise
avec des joueurs capables de s’imposer dans les duels. Planus possède une
technique qui lui permet d’assurer les relances, les deux autres sont plus à la
peine mais ils peuvent compter sur la tour de contrôle placée juste devant
(voir Alou Diarra). Sur les côtés, Chalmé a passé un pallier en revenant en
Gironde. Jurietti est un bon défenseur mais ses nerfs à fleur de peau
l’amèneront à rater quelques matchs. Trémoulinas ne donne pas les garanties
suffisantes en L1. Bien que Diawara puisse dépanner à droite, il faut recruter
au moins un défenseur pouvant pallier l’absence d’un latéral.
Alou Diarra
La pièce maîtresse du système de jeu mis en place par
Laurent Blanc méritait bien un paragraphe propre. Alou Diarra a retrouvé le
niveau de jeu qui a fait de lui le suppléant de Vieira en 2006. Après une
finale de Coupe du Monde maîtrisée, son passage à Lyon a fait oublier cette
prestation de haut niveau. L’absence de concurrence semble l’épanouir, comme ce
fut le cas à Lens. Jeu aérien, endurance, impact physique mais aussi vitesse et
qualité de la relance dans le jeu court, les qualités de Diarra ont permis de
trouver l’équilibre entre la défense et l’attaque.
Le milieu de terrain
Sous l’ère Blanc, Alonso et Fernando paraissent
méconnaissables. Ces milieux relayeurs, débarrassés des tâches défensives,
profitent du travail à la récupération d’Alou Diarra pour être les véritables
rampes de lancement des attaques bordelaises. Wendel est un joueur
spectaculaire et efficace qui fait de chaque coup franc gagné une occasion. Jussiê
n’a pas renouvelé les prestations de haut niveau de sa première année lensoise,
mais sur un match il peut se révéler décisif. L’arrivée de Gourcuff devrait
apporter de la fluidité dans l’animation offensive, qui alterna entre le jeu
direct avec de longues relances et le jeu court au sol. Gouffran est promis au
poste de milieu droit, où ses débordements, sa qualité de passe et son
efficacité peuvent être décisif. Mais une fois de plus, sa capacité à s’imposer
au sein d’un effectif de haut niveau ne saute pas aux yeux. Ses (éventuelles)
contre-performances pourraient permettre à Ducasse de trouver du temps de jeu.
Alors que la saison dernière paraissait être une année de transition et que le
départ de Micoud devait lui permettre de s’imposer dans l’entrejeu, les
arrivées de Gouffran et Gourcuff montrent que Laurent Blanc ne compte pas en
faire un titulaire cette saison. Pourtant, ce marseillais d’origine possède des
qualités similaires à Gourcuff et aurait pu acquérir un volume de jeu plus
important. Son manque d’expérience le cantonnera à un rôle de second couteau
habitué des matchs à enjeu moindre, à moins qu’il ne soit prêté avant le 31
août.
L’attaque
But Ducasse - OM Bordeaux 4 mai 2008
Le but symbole des qualités de l’attaque girondine est celui de Ducasse au Vélodrome. On y voit Cavenaghi revenir défendre, Obertan réaliser une aile de pigeon qui permet d’exploiter l’erreur de Givet et Chamakh effectuer un travail de temporisation et de fixation impressionnant. Loin de l’efficacité médiatique de Fernando Canvenaghi, l’apport de Marouane Chamakh réside dans le travail sur les défenses. Son gabarit lui permet de peser sur les défenses, il est le premier destinataire des longues relances. Son travail ne se traduit pas dans ses statistiques personnels (4 buts) mais le nombre de titularisation montre son importance dans le jeu (32 matchs, 17 titularisations) ; d’autant plus que l’avènement de Cavenaghi correspond à l’absence de Chamakh pour cause de CAN. L’avant-centre argentin a été tellement médiatisé qu’il suffit de rappeler ses statistiques : 23 matchs, 15 titularisations, 15 buts, et rappeler qu’il n’a pour le moment réalisé qu’une bonne demi-saison. Sera-t-il aussi régulier en 2008-2009 ? L’aubaine pour Bordeaux fut que son efficacité a coïncidé avec la relative méforme de David Bellion. Ce dernier fut un des joueurs les plus utilisés (37 matchs) avec Diarra, Ramé et Wendel. Son réalisme de début de saison fut précieux, mais c’est aussi son travail sur le front de l’attaque qui bénéficia à Cavenaghi sur la deuxième partie de saison. Même si son coefficient buts par match s’est effondré à partir de décembre (10 buts en L1 avant la trêve, 2 après), sa première saison girondine fut réussie. Enfin, l’attaque girondine compte dans ses rangs un espoir talentueux en la personne de Gabriel Obertan. Technique et rapide, il ne lui reste qu’à améliorer son efficacité et son sens du collectif (il s’enferme parfois en oubliant un coéquipier) pour devenir un attaquant type du troisième millénaire naviguant entre le milieu et l’attaque.
L’effectif des Girondins de Bordeaux impressionne. Laurent
Blanc a bâti une équipe équilibrée dont le projet de jeu est établi et rôdé.
Les « retouches » apportées à l’intersaison doivent être compléter
par un défenseur polyvalent afin que cette équipe ne soit pas trop vulnérable
en cas de blessure. L’an dernier, le parcours des Girondins en L1 fut
intéressant avec une montée en puissance indéniable. Mais ces performances ont
été acquises en bradant la coupe de l’UEFA (élimination face à Anderlecht) et
la coupe de France (élimination à domicile face à Sedan)… Pourront-ils mener de
front la Ligue 1 et la Ligue des Champions ?
[1] Prestation énorme face à l’AEK Athènes (victoire du Milan AC 3-0) dès son premier match en C1.
[2] Frank Jurietti : "Caen n'a pas existé dans les vingt premières minutes. Et après dans le dernier quart d'heure, ils se prenaient tous pour Maradona. Je voudrais souligner le manque de respect de cette équipe de Caen, qui a cherché sur chaque ballon à faire des petits ponts ou des sombreros. Ils nous ont pris pour des cons, et je les attends au match retour".